“Vivons heureux avant la fin du monde” de Delphine Saltel
Illustration de Raphaëlle Macaron.
Vivons heureux avant la fin du monde de Delphine Saltel
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Ça parle de quoi ? Une fois par mois, Delphine Saltel explore avec douceur et malice une problématique liée à notre société capitaliste, consumériste et fascisante et tente d’y apporter des solutions, ou du moins un regard neuf et déculpabilisant.
On trouve quoi dans ce podcast ? La voix de Delphine Saltel + la voix des enfants de Delphine Saltel + de l’humour + des expertises + un témoignage du quotidien + des propositions de solutions + une ouverture sur le monde + des questions de la vie courante et des réponses originales.
Illustration de Raphaëlle Macaron.
Qu’est-ce que j’en pense ?
Ce podcast porte très bien son nom : Vivons heureux avant la fin du monde nous aide à ne pas nous sentir complètement démuni·es face à la catastrophe (sociale, écologique, politique, humaine, cette catastrophe-là) mais aussi à se réjouir de l’effondrement. Oui, la journaliste Delphine Saltel fait ce pari fou de considérer cette fin de monde comme l’opportunité de réfléchir à nos sociétés, de repenser nos modes de vie et ainsi proposer le début d’un nouveau monde – très en phase avec le manifeste de liste de résistance Delphine ! Elle s’empare avec brio et espièglerie mais toujours avec honnêteté de sujets banals qui s’avèrent être, au bout de la discussion, nécessaires d’interroger : l’alcool, le footing, les contes pour enfants, le jardinage, le tri sélectif, la livraison à domicile... Pendant environ 30 minutes, Delphine Saltel déploie toutes les facettes d’une question en partant de son expérience personnelle à laquelle elle ajoute des pensées de sociologues, philosophes, chercheur·euses expert·es du sujet : ma fille aînée entre dans l’adolescence, vais-je réussir à lui parler de sexualité (épisode « Le mythe de l’allumeuse ») ? J’aime la viande, mais je sais aussi que l’élevage intensif est une aberration écologique, comment puis-je manger mieux (épisode « Peut-on cuisiner des animaux morts ? ») ? J’ai envie de décompresser mais le yoga m’a toujours mise mal à l’aise, est-ce que je suis complètement à la ramasse (épisodes « Very bad yoga : posture ou impostures ? » et « Le yoga, c’est de droite ? ») ? Et même quand on ne se sent pas concerné·e par les problématiques, on apprend toujours plein de choses : je vous conseille vivement d’aller jeter une oreille curieuse et attentive à l’épisode « Frères et sœurs, ça se dispute ! » même si vous êtes enfant unique, « L’amour Wouf » même si vous êtes une cat person, « Alcool, nous avons un problème » même si vous ne carburez qu’au jus de fruits, « Mince, une injonction ! » même si vous n’avez aucun problème avec votre apparence physique (la chance !) ou encore « Comment parler de l’effondrement avec ses enfants » même si vous n’en avez pas. La parole de Delphine Saltel est limpide sans faire l’économie de la nuance, légère sans faire l’économie du sérieux des sujets abordés, et surtout déculpabilisante : parfois il n’y a pas de solution au problème, parfois pas de réponse à la question, souvent on est démuni·e et pas plus avancé·e à la fin du débat qu’au début. Mais Delphine Saltel a l’intelligence de nous rappeler que la joie se trouve aussi dans le cheminement, le fait même de se poser la question – alors que tout semblait réglé – est une révolution en soi. Questionner, déconstruire, reconstruire : la sainte trinité de toute lutte féministe, anticapitaliste, antiraciste, antifasciste… malheureusement, parfois, reconstruire c’est difficile, les plans de la nouvelle maison qu’on propose se cassent un peu la gueule, mais ça n’est pas grave, être militant·e ça n’est pas être parfait·e, c’est de faire de son mieux, d’y croire et d’essayer. Vivons heureux·ses avant la fin du monde, espérons, rêvons, agissons !
Illustration de Raphaëlle Macaron.
Comment écouter ce podcast ? Sur le site d’Arte Radio, et sur toutes les applications de podcasts comme Apple Podcasts, Spotify, Deezer…
La fiche d’identité de ce podcast : Vivons heureux avant la fin du monde de Delphine Saltel, produit par Arte Radio, 35 épisodes d’une durée de 22 minutes à 53 minutes, depuis 2020.