“Ni vues ni connues” par le Collectif Georgette Sand

Ni vues ni connues par le Collectif Georgette Sand, Pocket, 2017.

Ni vues ni connues par le Collectif Georgette Sand

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Ça parle de quoi ? Ni vues ni connues fait le portrait de 75 femmes méconnues, peu connues, inconnues, qui ont marqué leur temps puis ont disparu de la mémoire collective.

On trouve quoi dans ce livre ? Des portraits d’artistes, d’aventurières, de femmes de pouvoir, d’intellectuelles, de militantes, de scientifiques et de méchantes + de l’humour + des photos pour mettre des visages sur ces noms + une mine de personnalités originales et puissantes pour en apprendre de belles et briller en société + une mission de revisibilisation des femmes oubliées menée tambour battant.

Image du chapitre “Kâhina, La Jeanne d’Arc berbère”. Tableau Femme berbère d’Emile Vernet-Lecomte.

 Extraits choisis

« Détecter les invisibilités n’est, par définition, pas simple, c’est un jeu de cache-cache qui exige beaucoup de flair et d’érudition. Il faut les déceler, percer le vernis des apparences, dissiper le brouillard des approximations, opérer une lecture critique des discours convenus. Il importe, ensuite, de comprendre les mécanismes de l’invisibilisation. Or, ceux-ci sont subtils et divers. En général, il s’agit moins de conspiration consistant à cacher délibérément la découverte, l’antériorité, le rôle d’une femme dans un processus d’innovation ou de pouvoir, que d’une omission, d’une négligence tellement coutumière qu’elle devient pratique quasi systématique. Notamment dans les couples, le couple étant, au fond, la forme la plus insidieuse du rapt féminin. »

(Préface de Michelle Perrot)

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« Car il faut que les femmes parlent des femmes. »

(Préface de Michelle Perrot)

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« Les vainqueurs écrivent le roman de l’histoire. Ils édifient un récit excluant celles et ceux qui ont perdu, transmettent une information partielle qui devient ensuite une vérité. Plus qu’une omission, il s’agit d’un véritable enjeu de pouvoir. Il implique un mécanisme – celui de l’invisibilisation d’un groupe par rapport à un autre – qui fait sortir du décor de manière systématique et parfois délibérée une partie de l’humanité. Or, si l’on n’est pas vu, on n’est pas connu. »
(Introduction du Collectif Georgette Sand)

Image du chapitre “Marthe Gauthier, découvreuse de la trisomie 21”, © US National Library of Medecine.

 Qu’est-ce que j’en pense ?

La revisibilisation des femmes oubliées de l’histoire est un combat désormais bien ancré dans la lutte féministe. En 2017, le Collectif Georgette Sand propose un ouvrage précurseur et qui a fait date depuis : Ni vues ni connues figure désormais dans toutes les bibliothèques militantes qui se respectent. 75 femmes y sont dépeintes : des intellectuelles, des artistes, des militantes, des aventurières mais aussi des méchantes (avérées ou fantasmées), issues de tous les continents et de toutes les époques. Connaissez-vous Zaynab Fawwâz, Sojourner Truth, Trotula de Salern, Madame Rolland ou encore Valentina Vladimirovna Terechkova ? Elles sont toutes, aux côtés de 70 autres femmes, à découvrir dans ce livre. Et même celles qu’on pense connaître mieux, telles Hedy Lamarr, Joséphine Baker, Rosa Parks, Mary Shelley, Aliénor d’Aquitaine, les 21 autrices de l’ouvrage nous en apprennent toujours plus sur leur compte. Alors, certes, le livre a presque 10 ans, et peut-être certaines femmes dépeintes ici sont-elles aujourd’hui connues. Mais si le livre a vieilli, alors réjouissons-nous : ça veut dire que la mission qu’il s’est donné porte ses fruits. Vive le vieillissement des luttes féministes ! Pourtant, on est toujours loin du compte : à Paris, 90% des noms des rues sont attribués à des hommes, c’est mieux qu’en 2017 où les femmes ne représentaient que 6% de cette géographie urbaine… Pas de quoi déposer les armes, donc, restons mobilisé·es et actif·ves : Ni vues ni connues nous permet de continuer la lutte. À lire d’une traite ou à grignoter de temps en temps (un peu comme liste de résistance), cet ouvrage reste un outil de l’activisme féministe plus que jamais nécessaire.


Où se procurer ce livre ? Gratuitement en bibliothèque municipale (catalogue des bibliothèques municipales de Paris, liste des bibliothèques de France) + neuf en librairie pour 8,70 € (liste des libraires en France) + d’occasion en librairie de seconde main (type Gibert, Boulinier…) + d’occasion sur des sites de seconde main (type Momox, Recyclivre…). N’oublions pas qu’en France, le prix du livre neuf est unique, c’est-à-dire qu’un livre neuf a le même prix partout, peu importe où on l’achète : alors, si on le peut, privilégions les librairies indépendantes et proches de chez nous !


La fiche d’identité du livre : Ni vues ni connues par le collectif Georgette Sand, éditions Hugo Doc, collection Les Simone, préface de Michelle Perrot, postface de Pénélope Bagieu, 2017, 350 pages. Pour la rédaction de cet article, j’ai utilisé la version de chez Pocket.

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