“Sorry, baby” d’Eva Victor
Affiche de Sorry, baby d’Eva Victor, A24, États-Unis, 2025.
Sorry, baby d’Eva Victor
***
Ça parle de quoi ? Une jeune professeure d’université revient sur l’année où quelque chose de grave s’est passée dans sa vie, et sur toutes les autres années où c’est allé mieux.
On trouve quoi dans ce film ? Un viol + des blagues + un chaton trop mignon + une célébration de la sororité, de l’amitié et de la famille choisie + des paysages arides de grand froid + l’espoir que, malgré tout, ça va bien se passer + Eva Victor sur tous les fronts et exceptionnelle.
Qu’est-ce que j’en pense ?
Agnès va mal, car Agnès a vécu un traumatisme dont on ne verra rien mais dont on ressentira tout : sa sidération, son dégoût, son désarroi, son incompréhension, ses contradictions. Et puis sa pulsion de vie. Comment elle a toujours — étrangement et parfois de manière un peu bizarre, un peu inquiétante — la lumière de son côté. Car Agnès ira mieux, à force d’amitié (l’une des plus belles et plus fortes formes d’amour), de sororité, de blagues (et même de blagues sur le viol) et de chaton tout mignon. Eva Victor, qui écrit, réalise et interprète ce film, est une pierre précieuse : son film est à l’image de son talent, rare, délicat, violent, doux-amer. Mélancolique. D’une mélancolie qui nous donne envie d’y revenir, qui nous donne envie de se pelotonner à ses côtés, sous le plaid, avec de grosses chaussettes en buvant un bon chocolat chaud par une neigeuse nuit d’hiver. Agnès, c’est la meilleure amie, avec qui on a envie de rigoler pour conjurer le mauvais sort, c’est la sœur dont on a envie de prendre soin, c’est notre professeure de littérature rigolote et préférée. Mais Agnès, c’est nous aussi, à qui on a envie de dire : « ça va aller ». À qui on a envie de faire un câlin. Oui, Sorry, baby est un film-pépite qui nous donne envie de nous faire un câlin à soi-même. C’est étrange et confortable, tout à la fois. Et ça fait un bien fou. Promis : quand vous sortirez de la salle, vous vous sentirez bien, vous aurez une foi nouvelle en un cinéma et une jeunesse états-uniens en lesquels on a envie d’espérer. Merci à tous·tes ces artistes — Eva Victor en tête — qui nous donnent une myriade de raisons de croire en des aujourd’hui qui chantent, alors même que les hier sont franchement décourageants. Un espoir neuf qui se vit au présent, comme l’existence que se prépare Agnès, meurtrie mais résolue à vivre sa vie, vaille que vaille. Une héroïne ordinaire qui nous inspire.
Agnès et Olga dans Sorry, baby d’Eva Victor.
Comment voir ce film ? En salle depuis le 23 juillet.
La fiche d’identité du film : Sorry, baby d’Eva Victor, États-Unis, 2025, 1h44.