“Toutes les fois où je me suis faite avoir par le patriarcat” de Garance Ouzy

Toutes les fois où je me suis faite avoir par le patriarcat de Garance Ouzy

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Ça parle de quoi ? En 13 courts épisodes, Garance Ouzy déconstruit avec force et humour les injonctions patriarcales que nous avons intériorisées (nous les femmes) – injonction à la minceur, injonction à la jeunesse, injonction au silence, injonction à rester à la maison et à faire la vaisselle, injonction à la docilité – , les dénonce et nous invite à nous en libérer dans la colère et dans la joie.

On trouve quoi dans ce podcast ? De l’humour + de la colère + de la violence + beaucoup de fatigue + de la joie libératrice + des mentions de violences et de viols à l’encontre des femmes + un discours précis et sans concession sur l’aliénation patriarcale et capitaliste.

Extraits choisis

« J’ai hâte de rencontrer la vieille que je serai : elle sera une sorcière affranchie, une gâteuse aguerrie, une rombière rebelle. Mais il nous reste du travail pour que, quand elle arrivera enfin cette vieille flamboyante qui m’attend au tournant, elle puisse vivre libérée du sexisme et de l’âgisme auxquels les femmes âgées doivent faire face. Invisibilisation, précarité, corps qu’on ne doit pas voir ni montrer, parole oubliée : le féminisme doit se pencher sur la question des vieilles. »

(Épisode 11 – La rombière et la grand-mère, vieillir en patriarcat

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« Si j’étais une femme à la télévision, je n’aurais jamais de poils sous les bras, même après l’apocalypse nucléaire. Si j’étais une femme à la télévision, j’aurais le droit d’être noire, mais juste un peu, pas trop foncée. Si j’étais une femme à la télévision, j’aurais le droit quelques fois de tomber amoureuse d’une autre femme, mais ça finirait toujours mal. Si j’étais une femme à la télévision, je n’aurais jamais froid. Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que les femmes à la télévision n’existent pas. Elles sont fantasmées, modelées, et si elles sont simples et prévisibles, si nous les trouvons bêtes ou ennuyantes, c’est parce qu’elles ont été fabriquées ainsi, sortant tout droit de cerveaux d’hommes planqués dans les bureaux hollywoodiens. »

(Épisode 12 – Si j’étais une femme à la télévision)

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« Devenir féministe, c’est faire le deuil d’une naïveté, c’est voir le monde différemment, avec un regard neuf, affuté, et cela peut être brutal. Mais c’est aussi, et surtout, la joie de vivre plus librement, en retrouvant enfin en soi, caché sous les couches de ce qu’on a appris sans le remettre en question, ce que l’on est vraiment. »

(Épisode 10 – Joie

 Qu’est-ce que j’en pense ?

Si toi aussi, en tant que femme, tu as l’impression de te faire arnaquer, de ne te reconnaître nulle part et d’être tout le temps à côté de tes pompes, écoute la voix de Garance Ouzy. Dans son podcast si simplement et si pertinemment nommé Toutes les fois où je me suis faite avoir par le patriarcat, elle détricote toutes les situations de malaise qu’on a pu vivre parce qu’on était femme : quand on regarde la télé et que personne ne nous ressemble, quand on monte dans l’ascenseur seule avec un homme et qu’on a peur de se faire agresser, quand on marche dans la rue et qu’on entend le murmure harcelant autour de soi, quand on a mis une robe qui nous fait sentir tout à la fois belle et vulnérable. Drôle et implacable, Garance Ouzy déroule son discours, féministe, déconstruit, anti-raciste, anti-patriarcal, anti-capitaliste, en deux mots nécessaire et libérateur, qui fait un bien fou parce que 1. on se sent moins seule 2. on a l’esprit dénoué de toutes les règles patriarcales que nous avons intériorisées - qui restent quand même bien en place, ne nous leurrons pas, un podcast n’est pas magique, mais déconstruire est le premier pas pour s’en détacher et s’en émanciper. Celui de Garance Ouzy est une bonne entrée en matière pour toutes celles qui se sentiraient débordées par la foule d’injonctions contradictoires que nous faisons nôtres car la podcasteuse assène avec force que nous ne sommes pas coupables de l’image que nous avons de nous-mêmes, c’est le patriarcat qui nous fait nous sentir illégitimes / inadéquates / nulles / moches. Et de conclure avec panache : « Pour faire une révolution, il faut deux choses : de la violence, et de nouvelles histoires. » Alors, à nos marteaux et à nos plumes !


Comment écouter ce podcast ? Sur le site de Toutes les fois où je me suis faite avoir par le patriarcat, sur Arte Radio, sur Youtube, et sur toutes les plateformes de podcasts comme Apple Podcast, Spotify, Deezer


La fiche d’identité du podcast : Toutes les fois où je me suis faite avoir par le patriarcat est un podcast de Garance Ouzy en 12 épisodes d’une durée de 5 à 13 minutes, 2022.

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