“The Hours” de Stephen Daldry
Affiche de The Hours de Stephen Daldry, Scott Rudin Productions, 2002.
The Hours de Stephen Daldry
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Ça parle de quoi ? The Hours (Les Heures pour le titre québécois) raconte les destins croisés de trois femmes : Virginia (Woolf) en Angleterre en 1923, Laura aux États-Unis en 1949, Clarissa à New-York en 1999. Trois femmes liées par la création, la dépression, la force de vie, trois femmes liées par le fait d’être femme.
On trouve quoi dans ce film ? Nicole Kidman + Julianne Moore + Meryl Streep + trois actrices de renom au sommet de leur art + de la détresse + de l’espoir + les détails de 24 heures de la vie d’une femme + un grand geste cinématographique + un grand geste féministe.
Qu’est-ce que j’en pense ?
Le simple fait de retrouver trois des plus grandes actrices de leur génération (j’ai nommé Meryl Streep, Julianne Moore et Nicole Kidman) est un immense plaisir et devrait suffire à vous convaincre d’aller voir ce film, si juste et si bouleversant. Adapté du roman éponyme de l’auteur américain Michael Cunningham par le réalisateur britannique Stephen Daldry (à qui l’on doit, entre autres, Billy Elliot), The Hours est un film magnifique qui rend hommage aux femmes : à leur force créatrice, leur résilience, leur courage, tout en abordant aussi leurs fragilités, leur hypersensibilité, la dépression qui guette toujours. Virginia Woolf cherche à écrire, Laura Brown tente de faire un gâteau, Clarissa Vaughan essaie désespérément de recoller les morceaux d’une vie cassée, passée trop vite. Leurs lignes de vie se croisent, se répondent, s’enrichissent les unes les autres. Et, en creux, se dessine le portrait d’une société qui n’a pas d’âge et qui, de tout temps, affaiblit, cloître, voire asservit les femmes. Qui leur retire leur indépendance, nie leur intelligence, moque leur sensibilité. Ce film remet les pendules à l’heure et les femmes au centre (alors même que c’est un homme qui réalise, comme quoi le male gaze n’atteint pas les hommes déconstruits !) : en leur donnant la parole, le regard, toute la place, toute leur place. Qu’elle soit mère ou sans enfant, lesbienne ou/et mariée à un homme, femme active ou au foyer, mondaine ou solitaire, en robe ou en pantalon, qu’elle aime les fleurs ou les animaux morts, l’héroïne de Daldry est puissante ! On regrette simplement que toutes ces femmes soient blanches et riches et valides, mais charge à nous de réaliser Les Heures des femmes racisées et pauvres et en situation de handicap, car qui nous empêche ? En tout cas, ce film encourage à refuser l’état de fait et à reprendre la force qui nous est systématiquement refusée : force de réalisation, force d’émotion, force de vie. À faire tomber les cloisons, à scier les barreaux de la cage, bref à être libre et à vivre notre existence à plein.
Julianne Moore incarne Laura Brown dans The Hours de Stephen Daldry.
La fiche d’identité du film : The Hours de Stephen Daldry, d’après le roman éponyme de Michael Cunningham, États-Unis et Royaume-Uni, 2002, 1h54.
